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SABRINA DI GERONIMO
Artiste plasticienne

La photographie a été longtemps au cœur de mes préoccupations ; rapidement, le montage numérique et le dessin sont venus s’y mêler.

Avec les séries Les tableaux des errances, Suites en faux-raccords ou Mémoires vives, (2018-2023), ma pratique s’inscrit dans une réflexion autour de la fragmentation du monde par la photographie. Dans tout ce flux d’images capturées avec un appareil-photo ou un smartphone, le dessin fait fonction, dans mon travail, de liant, de jointure ; il me permet de tendre vers une possible réconciliation des bribes de réalité, en quête d’une unité synthétique, incertaine et fragile.

Puisant dans la profusion des photographies que j’enregistre ou m’approprie (notamment avec Mémoires vives), par des jeux de superposition, de transparence et de rehaut, je sculpte, creuse les intervalles entre les images pour faire surgir de nouvelles images à mi-chemin entre le rêve et la réalité.

En accentuant les ombres et les lumières, ces compositions (par exemple Réminiscences) apparaissent comme autant de moyens d’interroger le regard, de convoquer la perception du mouvement dans la fixité. Essentiellement par cette mise en lumière et ce travail sur ces « entre’ images », je cherche à réveiller une mémoire inconsciente latente.

Avec les installations pour images projetées (comme dans Mondes en formation ou Fragiles transports des images), j’explore les modalités de présentation du médium photographique. Au carrefour de la fixité et du mouvement, en écho à la lanterne magique et aux origines de l’image, ces images projetées évoquent la dimension à la fois précaire et sacrée des images.

Depuis 2023, avec la série Stati d'anima, je reviens à la matière avec un travail plus conceptuel. Cette fois, sans user directement de la photographie, j’use de ses modalités. Par un travail de déconstruction de la photographie, je continue d’opérer dans le prolongement des opérations propres à la retouche numérique de l'image photographique : calques, superpositions, transparences, rehauts.  Ces collages, réalisés avec des post’it colorés transparents (dont la fonction première est mémorielle), renvoie au processus de création de l’image photographique numérique. A travers ces entrelacs de post’it, je recherche une forme de l’image plus épurée mais que je considère encore comme « photo-graphique ».

Que reste-t-il de toutes ces images-mémoires ? Des bribes, des fragments, des traces mouvantes et relatives. Ma pratique devient de plus en plus abstraite. De cette abstraction fragmentée naît la figure : celle du corps, de la peau du nuage, ou des paréidolies qui rappellent, encore une fois, la précarité, le mouvement, la fragilité des images, comme en miroir à notre condition humaine.

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